🍑 Est-ce que Chatroulette est mort ?
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Au programme, ce jeudi : un voyage dans le temps sur Chatroulette, le #TeamEndive, et une autre manière de parler de sexe.
Bonne lecture ! 😙
J’ai 22 ans, et je n'ai jamais mis les pieds sur Chatroulette. Pourtant, ce n’est pas faute d’en avoir entendu parler. En 2011, la chanson de Max Boublil tourne en boucle au collège. Tout le monde a déjà activé sa webcam pour rencontrer des inconnus en mode aléatoire, sauf moi.
Parce que, comme le dit Boublil : “Entre deux quéquettes, j’ai flashé sur sa tête”. Alors, dégoûtée d’imaginer de vieux pénis fripés, je reste plantée devant l’écran d’accueil. Je suis persuadée d’être sur un site d’exhib’ assumé. Un truc d’adultes.
Il faut dire que depuis sa création, en 2009, Chatroulette s’est forgé (malgré lui) une sombre réputation. Son fondateur, Andrey Ternovskiy, appelle même ça “le problème des pénis”. En 2010, une société d’analyse de données a déterminé que “le taux de perversité sur Chatroulette était de 13%” : pour huit sessions de chat vidéo, une contenait quelque chose d’explicite.
Ternovskiy a tout tenté pour changer la donne : créer des salons thématiques pour contenir le sexe, rediriger les utilisateur•rices ciblé•es pour nudité vers des sites pornographiques. Il a même mis en place un système de détection des visages et de peau exposée. Mais rien n’a fonctionné, et l’audience a baissé.
13 ans plus tard, Chatroulette conserve l’image d’un site douteux, où se croisent adeptes d’exhib’ et adolescent•es en quête de fous rires. Mention spéciale au confinement de mars 2020, qui a permis de doubler le nombre d’utilisateurs quotidiens.

Le constat est encore plus sombre sur Omegle, une autre messagerie instantanée et aléatoire. Depuis le printemps 2022, elle se trouve dans le viseur des médias et de la justice, pour exposition de (pédo)pornographie, surtout auprès de mineurs. Et je ne suis pas vraiment étonnée.
Pour la petite anecdote, j’ai passé des journées entières à discuter avec des inconnus sur Omegle, lorsque j’étais adolescente. Au début de chaque conversation, les utilisateur•rices devaient indiquer leur sexe, sans même un bonjour : “F” pour fille et “M” pour mec. Autant dire qu’il n’y avait que des hommes.
Dès qu’ils tombaient sur moi, ils me demandaient des nudes ou mon compte Snapchat. En somme, la routine pour une mineure qui n’avait rien demandé, et indiquait clairement son âge.
Huit ans plus tard, je suis retournée sur Omegle. Rien n’a changé : toujours autant d’hommes, de propositions sexuelles et, perdus là-dedans, des mineurs. J’ai discuté avec Gaël*, 17 ans. “Je cherche des filles. Et tu es la deuxième personne normale sur qui je tombe”, me confie l’adolescent, qui n’a pas encore l’âge d’installer Tinder.
Durant plusieurs heures, je ne parlerai à aucune femme, aucune personne venue pour refaire le monde. Car, une chose est sûre : en 2022, ces sites ne sont toujours pas faits pour se faire des potes.
*Le prénom a été modifié
🥬 #TeamEndive. Ce hasthag n’a aucun rapport avec le petit légume vert. Lancé par le compte Instagram Orgasme et moi, et présent dans la biographie de plusieurs utilisateur•rices des sites de rencontre, il désigne les militant•es du consentement. En gros, celles et ceux qui s’éduquent et éduquent leur entourage sur le consentement mutuel. Dans leurs articles, Cosmopolitan et Neon reviennent sur la portée de ce mouvement.
❌ Pas “Pour toi”. Vous avez installé Tik Tok et ne tombez que sur des vidéos suggestives ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul•e. Bizarreries algorithmiques ou stratégie lucrative ? Dans cet article (en anglais) The Washington Post tente de comprendre ce fléau. Le quotidien américain donne aussi quelques conseils pour faire disparaître les contenus qui vous mettent mal à l’aise.
🟠 Erreur 404. Mi-décembre, Youtube a supprimé la chaîne de Pornhub. Ouverte en décembre 2014, elle comptait plus de 900 000 abonnés. Le géant de la vidéo accuse le site pornographique d’avoir enfreint ses règles en dirigeant les utilisateur•rices vers des sites qui hébergent du contenu non autorisé sur Youtube. MindGeek, la société mère de Pornhub, crie à l’injustice et à l’anti-pornographie. Un débat analysé par Begeek, dans ce papier.
Il y a deux semaines, je vous parlais de l’algospeak : ce langage détourné qui permet de parler (entre autres) de sexe, en trompant les méchants algorithmes des réseaux sociaux. Plutôt récents, ces mots font partie du sexual slang. Autrement dit, l’argot de sexe. Ce sont des milliers de termes et d’expressions, principalement utilisés par la Gen Z et empruntés à l’anglais. Je pense par exemple à clapping cheeks, qui désigne un acte sexuel.
Je vous l’accorde, tout ça est très anglophone. Pour les plus chauvins, vous pouvez proposer à votre partenaire de déballer le Mon Chéri, ou faire éternuer son cyclope, (attention, succès peu garanti). Vous pouvez aussi utiliser les émoticônes, très tendances depuis quelques années. J’en utilise d’ailleurs dans cette newsletter. Alors, exit la traditionnelle 🍆. Pour bien débuter 2023, voici quelques autres images plus ou moins explicites.
🌽 désigne le porno. En effet, en anglais, “maïs” se dit corn, qui se rapproche de porn.
🌮 : fait référence au vagin, au même titre que le 🍯ou le 😼.
🍝 : représente des nudes, que l’on appelle souvent noods. Le mot se rapproche de noodles, qui veut dire nouilles en anglais.
🏄 : signifie que la voie est libre pour toutes vos folies.
🧠 : désigne le sexe oral, comme une fellation.
Merci d’avoir lu cette newsletter ! Je suis très heureuse de vous compter parmi mes abonné•es. N'hésitez pas à me donner vos avis et vos envies pour les prochains numéros en répondant à ce mail. 💌
On se retrouve le 12 janvier, à 18 heures. Prenez soin de vous, et à l’année prochaine ! 🥂 💦